L’impact écologique et la pollution liés aux masques et gants à usage unique
La situation sanitaire de 2020 liée au virus du Covid-19 a poussé de nombreux préfets à rendre obligatoire le port de masques. Paris, Marseille, Lyon ou encore Bordeaux, n’y coupent pas, le port du masque est exigé par la loi. Ces obligations ont fait exploser l’utilisation de masques à usage unique. Bien que la communication autour du besoin de se doter de masques réutilisables en tissu avait été orchestrée, le nombre de personnes à porter des masques jetables est encore aujourd’hui extrêmement majoritaire.
Ne masquez plus l'environnement
Dotés d’une durée de vie de maximum 4h, les masques chirurgicaux en tissu plastique sont jetés très rapidement et à tout va ! De fait, l’inéluctable est devenu réalité et la fondation Tara a alerté sur ce phénomène, suite au fait que des gants et des masques ont été retrouvés dans sept grands fleuves européens
Le Tibre (en Italie), La Tamise (en Angleterre), l’Èbre (l’Espagne) ) le Rhin, le Rhône, la Garonne la Seine et la Loire subissent l’impact écologique du manque de gestion et de bon sens de ce déchet. Les gants en plastique ont un temps de dégradation de plus de 400 ans et finissent dans les vastes continents de plastique au milieu des océans. Les rives, les fleuves et la vie sous-marine sont sévèrement par cette pollution honteuse. Les masques en polypropylène difficilement recyclables, se désintègreront rapidement pour former des micro plastiques, puis deviendront des nano plastiques à l’exposition des UV. Ces derniers se nicheront dans le plancton et les eaux et seront gobés par les poissons et la vie sous-marine, pour in-fine atterrir dans nos assiettes.
Terres, rivières, fleuves et océans, il n’y a aucun endroit au monde qui échappe aux montagnes de déchets plastiques générées par la pandémie. Cette pollution à l’impact écologique sans précédent, s’amplifie et se poursuivra à moins de sévèrement modifier notre comportement. Nous puisons déjà beaucoup trop sur les réserves naturelles marines et il est déjà compliqué pour le milieu marin de se renouveler. Il est donc impossible, de rajouter en plus des déchets plastiques à l’impact écologique détériorant si nous voulons préserver la biodiversité de la faune et la flore sur Terre.
L’impact écologique pris au sérieux par les pouvoirs publics
On ne compte plus les masques jetés sans scrupule dans les rues, la forêt, au bord de lac ou encore à la mer. Bien qu’il ne soit pas rare de faire tomber son masque sans s’en rendre compte, il est toutefois notable que les actes d’incivilité sont nombreux. Les éboueurs ont très rapidement rapporté retrouver des masques à usage unique le long des trottoirs. Pour tenter de mettre fin à cette pratique, le gouvernement a majoré l’amende pour la porter à 135€. Toutefois, rien n’y fait, les masques continuent de joncer le sol en ville et dans la nature. Ces masques chirurgicaux en polypropylène mettront plus de 400 ans à se dégrader et pollueront inévitablement l’environnement, sans compter le risque sanitaire qu’ils représentent.
L’urgence de l’impact écologique est réelle, et il est de plus accompagné d’un réel problème sanitaire. Ces masques sont collés à nos lèvres et narines. Ils récoltent ainsi gouttelettes et salive qui peuvent contenir le virus. En les disséminant, on contribue à disséminer le virus partout. Bien qu’une campagne de sensibilisation de grande envergure a été lancée par le ministère de la transition écologique, cette dernière a trouvé un échos pour endiguer les incivilités liées aux jets de masques de manière inappropriée. Pour se défaire de son masque à usage unique de manière propre, il faut le faire en trois étapes :
- Placer son masque dans un sac dédié aux masques
- Laisser le masque dans le sac pendant 24h
- Jeter le masque dans un sac poubelle avec les ordures ménagères
Toutefois, il est quasi irréaliste de songer que les gens procèdent ainsi et auront tendance à le jeter avec les ordures ménagères, au mieux.
Créer une filière de recyclage des masques chirurgicaux contaminés et diminuer l’impact écologique
L’impact écologique du jet des masques est indéniable et il est malheureusement impossible aujourd’hui de les recycler. La raison est simple : ils comportent un réel risque de contamination. Les masques chirurgicaux, faits de polypropylène (PP), nécessitent de fait un traitement spécifique. Le PP est utilisé au quotidien dans certains sacs, emballages ou encore pour certaines barquettes alimentaires souples. Il est uniquement recyclable chez certaines industries spécifiques équipées pour, après un traitement au préalable et seulement si le plastique est épais et monochrome.
Il existe aujourd’hui une collecte dédiée pour le milieu médical. Les masques utilisés dans les hôpitaux ou chez les médecins font partie de la catégorie des déchets à risques (déchets d’activités de soins à risques infectieux), dit DASRI - l’éco organisme national agrée par l’état Français. Ces déchets ont l’obligation d’être gérés par la DASTRI, qui se charge de les orienter vers les incinérateurs. Malheureusement, il n’y a rien de tel pour les masques utilisés du grand public.
Pour diminuer l’impact écologique et récupérer les protections contaminées, il faudrait créer une filière dédiée à leur récupération. Cela permettrait de les traiter individuellement, pour pouvoir ensuite les remettre dans le circuit plus traditionnel du recyclage. Ces masques en tissu de polypropylène étant légers, on pourrait estimer le volume d’être négligeable. Il en est tout autre, car l’obligation de devoir se masquer, couplée à la prolongation de la situation sanitaire actuelle, fait grimper le volume de manière colossale. On pourrait ainsi sensiblement diminuer l’impact écologique et le réemploi des matières pourrait servir à de nombreuses industries pour éviter d’en produire des nouvelles.
Comment le plastique Polypropylène (PP) est-il recyclé ?
Le plastique Polypropylène fait partie des plastiques les plus répandus et employés sur Terre et en fait naturellement un de ceux, dont l’impact écologique est le plus fort. Les volumes à recycler sont donc très importants. Actuellement le PP est collecté de la même manière que le PET ou le PEHD.
- Auprès des industriels et des professionnels (ex. : hôpitaux)
- Chez les particuliers à travers les contenus des poubelles jaunes
- Dans les déchetteries
Ils partent au centre de tri afin de distinguer les plastiques en fonction de leur typologie. Chaque plastique isolé a son propre procédé. Le PP est broyé, puis lavé et enfin séché. Les morceaux obtenus peuvent à nouveaux être transformés en produit à base de PP, comme les emballages alimentaires ou pour l’industrie automobile. Il se peut que la qualité soit jugée décevante, le PP sera alors incinéré.
Une filière dédiée pour les masques de protection
Concernant les masques chirurgicaux, il est vital d’inclure des procédés supplémentaires liés au virus et à l’hygiène. Il faudrait, comme pour le tri, équiper les ménages de poubelles pour la collecte. Ces conteneurs seraient envoyés dans des centres de décontamination spécifiques, pour que les masques à usage unique usés soient réacheminés au sein des circuits existants. Aucun pays n’est équipé de la sorte, et cela pourrait permettre de faire naître une filière, quasi non délocalisable, du traitement des déchets des hôpitaux.
Utiliser des masques en tissus réutilisables
Mettre en place une filière en capacité de traiter les masques pour en récupérer les éléments à recycler sera surement onéreux et prendra du temps. Ce temps, nous en manquons cruellement à date, car la situation sanitaire actuelle rend difficile de créer une vision de long terme et de faire naître des projets.
Pour diminuer notre impact écologique lié aux masques à usage unique, la solution est simple : les masques réutilisables, lavables et durables. Il existe aujourd’hui une quantité foisonnante de tutoriels sur comment coudre ses propres masques pour qu’ils soient efficaces. Malgré cette vague de vidéos explicatives et les annonces gouvernementales de privilégier les masques réutilisables fabriqués en France, les masques en tissus sont encore minoritaires dans les rues.
Nous nous permettons de rappeler, qu’un masque ne détenant pas l’homologation FFP2 ne peut pas filtrer l’air et empêcher une infection. Un masque en tissu cousu maison, tout comme les masques chirurgicaux, sert juste à empêcher la salive et les gouttelettes d’être projetés, pour diminuer le risque d’infection de son prochain.
Le masque en tissu a la possibilité d’être lavés une vingtaine de fois. Après autant de lavages, les fibres ne sont plus en capacité d’être efficaces et il faut s’en séparer. La différence étant que les matériaux du masque en sont plus facilement récupérables et recyclables que ceux issus de la pétrochimie. Le coton étant naturel, il est réutilisable et biodégradable. L’impact écologique et environnemental est donc sensiblement diminué.
Le retour à l’envoyeur du monde marin
Le plastique agit en tant que prédateur sans merci sur la vie marine et ses écosystèmes fragiles déjà sous pression. Sans revenir sur les continents de plastique dans les océans, flottants à la surface, il faut prendre en compte un phénomène bien plus grave, la dégradation. Le plastique se dégrade et se décompose en micro plastiques, puis en nano plastiques dans l’eau. Les poissons l’ingèrent et les nano plastiques se figent sur le plancton avant d’être mangé également. Le plastique, que nous n’avons pas su traiter, se retrouve ainsi dans la chaîne alimentaire pour nous impacter directement.
Notre incapacité à gérer nos déchets plastiques à déjà un impact écologique négatif. Nous ne pouvons pas être irresponsables sur le sort des masques après leur utilisation. Il est donc de la plus haute importance de correctement jeter son masque et éviter son impact écologique sur l’Océan. La crise sanitaire peut, sur du court ou moyen terme, se transformer en crise sociale pour les pécheurs si les poissons deviennent impropres à la consommation.
Nous devons être responsables des déchets générés. Préserver la faune et la flore est central pour la survie de l’humanité. Les négligences perpétuelles liées à notre incapacité à se rendre compte de notre impact écologique font que nous détruisons de plus en plus rapidement les ressources terrestres et marines. Jeter un masque en pleine nature ou dans la rue, pour qu’ils finissent mangés par les animaux est un non-sens total. Le mieux étant encore de n’utiliser que des masques réutilisables en tissu coton.
La communauté scientifique cherche à rendre les masques chirurgicaux réutilisables
Espérer le bon sens de correctement jeter son masque ou que tout le monde n’utilise qu’un masque en tissu, semble illusoire. Ce point de vue semble partagé, car certains scientifiques font des recherches pour voir comment rendre masques en PP réutilisables. Plusieurs essais sont en cours afin de tester comment modifier les masques. Il est également envisagé de rendre les couches de polypropylène légèrement plus épaisses pour qu’ils puissent être lavables et réutilisables. Un test a même démontré que des masques chirurgicaux lavés en machine à 95°C n’ont pas perdu en performance.
Olivier Terrier, chercheur au CNRS, a réussi à démontrer qu’une chaleur sèche de 70 degrés détruit le virus sur les masques chirurgicaux et ceux estampillé FFP2. Les alternatives commencent donc à voir le jour. Toutefois, les avancés n’avancent qu’a faibles pas. Donc d’ici à ce que des réelles avancées facilement applicables voient le jour, tentez de n’employer que des masques en tissu maison et de recourir à leurs versions en plastique que dans l’urgence réelle.